mercredi 7 mars 2012

Critique de livre : Appui feu en Afghanistan

Titre : Appui feu en Afghanistan
Auteurs : Sergent Paul Bommer Grahame & Damien Lewis
Date de parution : 2010 pour l’édition originale en anglais ; 2011 en français
Éditeur : Nimrod
Genre : autobiographie militaire – récit de guerre

L’action se passe en Afghanistan en 2008. Bommer est un sergent britannique. Il est JTAC, contrôleur d’appui feu aérien. Posté au sol, au plus près des combats qu’il doit avoir en visuel, il dirige par radio les frappes aériennes.

Cette fonction n’est pas nouvelle mais c’est en Afghanistan qu’elle est exploitée au mieux. Bénéficiant de la suprématie aérienne (les insurgés n’ont ni aviation ni défense anti-aérienne), la coalition cause quasiment l’ensemble des pertes ennemies par frappes aériennes. Les soldats au sol ont beau tirer comme des malades, ils ne réalisent que des tirs de couverture qui ne touchent presque jamais l’adversaire. Celui-ci a aussi son arme de prédilection, dans cette guerre profondément asymétrique : l’essentiel des pertes coalisées sont le fait d’IED (les engins explosifs improvisés) et, rarement, de tirs de snipers.

Voila comment se déroule une frappe aérienne typique. Le JTAC commence par donner au pilote les coordonnées GPS des troupes amies. La plus grande hantise de l’attaque aérienne, ce sont les tirs amis. Ensuite, le JTAC indique la position de la cible (en général quelques insurgés faiblement armés) à bombarder. Les bombes à guidage GPS (JDAM) ont besoin des coordonnées GPS. Après, il indique au pilote la munition à utiliser. La bombe ne doit pas être trop grosse pour ne pas risquer de toucher les troupes alliées à proximité. Enfin, le JTAC indique la direction d’attaque que doit suivre l’avion pour éviter l’effet de souffle aux troupes alliées. Après l’explosion, le pilote refait une passe pour évaluer les dégâts.

Bommer travaille, suivant la disponibilité, avec un grand nombre d’appareils de diverses nationalités coalisées : avions de chasse F-15, F-16, F-18, Mirage, Harrier ; bombardiers A-10, B-1B ; hélicoptères d’attaques Apache et Lynx ; drones Predator. Détail cocasse, Bommer apprécie tous les pilotes, sauf les Français qu’il trouve médiocres.

L’un des objectifs de l’ouvrage est de glorifier les armées britanniques. Les auteurs en font des tonnes : les soldats anglais n’ont jamais peur, ont toujours le moral, etc… On se demande même pourquoi la guerre piétine militairement avec de telles troupes d’élite…

Mais en fait, sans le vouloir, les auteurs couvrent de gloire les insurgés. Ces hommes sont écrasés sous les bombes, de jour comme de nuit, dès qu’ils se manifestent. Ils sont en immense infériorité d’armement, de logistique, de soins et de moyens de communication. Leurs communications sont d’ailleurs interceptées par la coalition et traduites en temps réel par les interprètes. Les insurgés acceptent des taux de perte de 1 contre 100. Malgré cela, ils tiennent bon et ne cessent de harceler les soldats de la coalition.

Chaque camp met dans la balance les ressources dont il dispose. Pour les insurgés, des vies humaines. Pour la coalition, des milliards et des milliards de dollars. Comme les dettes des États de la coalition sont en bout de course, il sera difficile de se lancer à l’avenir dans de nouvelles guerres néocoloniales. N’est-ce pas un effet positif des déficits budgétaires ?

Un ouvrage passionnant sur la guerre moderne. On veillera juste à ne pas se laisser intoxiquer par l’aspect propagandiste.



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