mardi 22 mai 2012

Critique de Sin City par Frank Miller (BD)


Sin City, une BD noire culte qui a été adaptée en film. Sin City, une série de romans néo-polars graphiques. Sin City, la Mégapole du Péché.

Dans le premier opus, Marv, le héros est un garçon dont la philosophie est aussi fine que ses muscles énormes. Quand son contrôleur judiciaire (une lesbienne qui est la seule femme à pouvoir le supporter) lui déconseille la vengeance car la prison serait l’enfer, il rétorque, je cite :

« L’enfer c’est pas s’faire défoncer la gueule ou s’faire tailler en rondelles. C’est pas non plus s’faire traîner devant un jury d’tapettes. L’enfer c’est quand on s’réveille tous les putains d’matins et qu’on sait pas pourquoi on est là, pourquoi on respire. »

Autrement dit, il préfère être passé à tabac, jugé, emprisonné et même tué que de ne pas avoir de but dans l’existence…

Une belle femme accepte de faire l’amour avec lui et de passer la nuit dans ses bras. Il est ravi, il ne comprend pas ce qu’il lui arrive. Le bonheur, toutefois, ne l’empêche pas de se souler à mort et du coup, il ne se réveille pas quand un gusse vient tuer sa nouvelle partenaire amoureuse. Comme il n’a presque jamais l’occasion de s’accoupler, il décide qu’en une heure de lucidité éthylique il est tombé amoureux de cette fille formidable. Il entreprend de la venger. Ça lui fait un but dans la vie, il est ravi.

C’est un garçon qui a des joies simples. Il aime picoler, cogner, torturer et tuer. Mais attention, il a son code d’honneur. Il ne torture et tue que les méchants. Heureusement pour ses pulsions, la ville en regorge. Les autres, c’est comme les filles, ils ne les trucident qu’occasionnellement. Il faut aussi préciser qu’il souffre de problèmes mentaux qui l’obligent à prendre des cachets.

Vous l’aurez compris, c’est un univers glauque, cruel, corrompu et ultra-violent. Sexy aussi : les femmes sont curieusement toutes jeunes, jolies, minces, pourvues de formes généreuses et dénudées. Mais sa gonzesse préférée, c’est son arme à feu, à qui il parle et qu’il a baptisée Gladys. Quand on dit qu’il est cinglé.

Le dessin est assez époustouflant. En noir et blanc, le contraste entre ombre et lumière est une merveille.

L’histoire est racontée à la première personne et Marv exprime ses monologues intérieurs par de longs textes, une caractéristique profonde et assez rare dans une bande dessinée.

Les volumes suivants, qui ne se suivent pas et racontent chacun une histoire complète, sont encore meilleurs. Le dessin est encore plus magnifique, la violence moins gore, le scénario plus subtil. Le thème général est : un homme est amoureux d’une femme. Il se débat pour la venger ou la sauver. La Belle au bois dormant, version moderne. C’est ça : sleeping beauty. La fille est passive et très belle. Elle attend son prince charmant.

Comment autant de talent peut être concentré dans un seul homme ? L’art du crayon additionné à celui de la plume, ça s’approche du génie quand on sait que Frank Miller a tâté aussi de la péloche en tant que scénariste.

Le top du top de la bande dessinée noire (et blanche), pour lecteurs avertis.



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