mardi 3 septembre 2013

Critique : Morgan (Bande dessinée) de Segura et Ortiz


Titre : Morgan
Sous-titre : T.1 : Repose en paix
Scénariste : Antonio Segura
Dessinateur : José Ortiz
Éditeur : Soleil Productions
Date de parution : 1989-1993
Genre : roman graphique noir d’encre 

Le brillant commissaire quinquagénaire est en bout de course. Il a une balle logée près du cœur. Sa femme l’a quitté parce qu’il ne peut plus prendre le risque de faire l’amour : son palpitant pourrait lâcher. Il lui reste sa fille. Mais voilà, un gang l’assassine. Alors il se fâche vraiment, notre fort de l’ordre. Lui qui a été réglo toute sa vie, qui n’a même pas cherché à se faire justice quand un malfrat lui a logé une bastos calibre 45 dans le poitrail, cette fois il fait un carnage. Il n’hésite pas notamment, à tuer le frère innocent du malfrat pour descendre celui-ci à l’enterrement. Ce garçon n’a plus de cœur… On est dans l’archétype du genre noir. Il n’y a d’espoir pour personne. Souffrance, ennui ou mort brutale, voilà le programme.

On retrouve le thème classique de la vengeance qui libère et assouvit, quel qu’en soit le prix. Et le prix est lourd. Condamné à perpète. Un flic au milieu des taulards, ça va être sa fête. Mais lui n’a plus rien à perdre, même pas la vie, ce mort en sursis. C’est ce qui le rend si dur de dur.

L’histoire est habilement découpée en épisodes autonomes. Comme un recueil de nouvelles graphiques, une série dont le fil conducteur est le pénitencier. Comme souvent pour aboutir à un chef-d’œuvre, on a sous les yeux le fruit d’une magnifique synergie entre le dessinateur et le scénariste : histoire et dialogues scotchants, dessin énergique et chargé d’émotions et d’atmosphère. Glauque, effroyable, cette atmosphère, mais prenante. Elle nous aspire dans un tourbillon de haine, violence, enfer carcéral, mais aussi solidarité, amitié et loyauté.

Comme toute œuvre noire, Morgan ne se laisse approcher que par les lecteurs avertis.
 
 


 

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